Communiqué de l’ADATE – 15 mars 2022
15 mars 2022
Quand accueillir redevient possible : ce que nous enseigne la solidarité exprimée envers le peuple ukrainien
L’actualité récente a, de façon tragique, remis sur le devant de la scène politique et médiatique la question de l’accueil et de la solidarité envers les victimes des conflits armés. Dans un contexte où l’ « archétype » du réfugié est mobilisé au service d’une construction éminemment politique de la solidarité, la démarche menée par notre association avec la série de podcasts Refuge(s) (Terrain d’écoutes) prend un sens tout particulier, en se penchant sur différents aspects de la mise en œuvre par la France de son obligation d’accueillir les personnes qui demandent l’asile, et en donnant la parole à des bénéficiaires d’une protection internationale.
Depuis bientôt un mois, un vent de solidarité envahit l’Union européenne. Face à la guerre en Ukraine, les pays membres s’organisent pour accueillir et protéger celles et ceux qui fuient leur pays. Cet élan de solidarité, concerté et coordonné, rassure dans la volonté et la capacité de nos sociétés à Accueillir.
Paradoxalement, la différence de traitement politique et médiatique concernant l’accueil des réfugiés en Europe selon leur nationalité interroge. Le parallèle malheureux avec la guerre en Syrie suffit pour s’en convaincre. En 2015, la Russie intervient militairement en Syrie pour soutenir le régime de Bachar Al-Assad. La stratégie déployée par l’agresseur, les méthodes d’intervention et les exactions perpétrées sont les mêmes qu’en Ukraine, et génèrent des déplacements massifs de personnes fuyant les combats et le cauchemar de la guerre. En réponse, les dirigeants européens évoquent alors « une crise migratoire », et les concertations ne portent que sur la gestion de « l’afflux de migrants » et leur « répartition équitable » au sein de l’Union, selon des quotas contraignants.
Comment expliquer cette différence de perception et de traitement de celles et ceux qui viennent d’ailleurs ? Pourquoi le terme « réfugié » a été immédiatement et unanimement employé à propos des déplacés ukrainiens, alors qu’en 2015 c’est l’expression « crise des migrants » qui émergeait massivement dans le débat politique et public ? Pourquoi la question de l’accueil et de la protection des victimes s’impose avec autant d’évidence aujourd’hui dans les politiques migratoires européennes, alors que depuis plusieurs années ce sont les frontières extérieures de l’Union que l’on cherche à protéger ? Autant de questions que l’on pourrait résumer ainsi : existe-t-il des vrais et des faux réfugiés ?
Pour nous aider à y voir plus clair, nous avions interrogé Karen Akoka, Docteure en sociologie. Un entretien enregistré l’été dernier, dans le cadre de notre série de podcasts « Refuge(s) », qui permet de comprendre la construction historique et politique de la distinction entre « réfugiés » et « migrants » qui façonne la politique d’accueil menée par la France. Et que l’actualité récente vient faire raisonner en nous montrant, à travers la politique déployée envers les déplacés ukrainiens, que ce qui reste, quand l’immigration n’est plus appréhendée comme un problème économique, démographique et culturel, c’est bien la solidarité.
> Ecouter l’épisode 2 de la série « Refuge(s) » : L’archétype du réfugié, histoire d’un mythe
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