• Une réponse à l’inadaptation des dispositifs existants à destination des femmes éloignées de l’emploi

Les constats sont partagés par les acteurs de l’insertion sur le manque de réponses adaptées en terme d’accompagnement pour le public féminin très éloigné de l’emploi, qui rencontre des difficultés en raison de la multiplication des facteurs de discriminations liés à la situation (famille monoparentale ; problèmes de garde d’enfants,  de violences, de langue, de santé ; transitions de vie difficile,  isolement et repli sur soi, méconnaissance du marché du travail et des secteurs d’activité ; absence de réseau professionnel, peu ou pas d’expérience professionnelle dans le secteur ciblé, peu ou pas d’expérience professionnelle en France, situation administrative complexe , difficultés à réaliser des démarches administratives, problèmes de mobilité dont l’absence de permis, etc.), à l’appartenance (appartenance ethnique, origine supposée ou réelle, apparence), à la résidence dans les quartiers politique de la ville, …

• Lever les freins en s’appuyant sur le collectif et sur le développement du pouvoir d’agir

L’action « Envolée Féminine », mise en place par l’Association ADATE en 2009 propose un accompagnement sur 4 mois, deux journées par semaine, articulé autour de plusieurs axes pour lever les freins de retour à l’emploi, sensibiliser à la lutte contre les discriminations et pour l’égalité, remobiliser et redynamiser les participantes sur leur parcours personnel et professionnel et participer à sa propre émancipation. L’accent est mis sur le collectif et sur le développement du pouvoir d’agir des participantes dans le but de construire un projet professionnel réalisable et durable. Une attention particulière est portée à la lutte contre les représentations de genre que ces femmes peuvent avoir, ce qui permet d’ouvrir le champ des possibles en terme d’orientation professionnelle. A titre d’exemple, lors des deux derniers groupes des femmes ont été accompagnés vers les métiers du bâtiment ou la conduite de bus.

Cette action permet aux participantes d’accueillir mutuellement les difficultés des unes et des autres malgré la charge émotionnelle par leur écoute, apportant leurs propres expériences en exemple et en réponses.  Elles font preuve de solidarité entre elles, dans le groupe et en dehors du groupe, se motivent les unes et les autres, autour de leurs projets professionnels et trouvent des stratégies différentes en réponse aux difficultés rencontrées dans leur vie personnelle.

Lors de cette action, et en premier lieu, c’est la co-création avec les femmes d’un cadre de confiance au sein du groupe, notamment, grâce à la mise en place de règles de fonctionnement proposées démocratiquement par les femmes et les formatrices pour garantir le bon déroulement de la formation.

Le groupe devient alors un espace d’expérimentation où chacune peut oser s’aventurer, s’exprimer librement. Une charte est par la suite signée par chacune d’elle pour confirmer cet engagement.

La première partie de la formation permet  au groupe de trouver ses marques, de découvrir le parcours de vie personnelle et professionnelle des unes et des autres et ceci avec le support de fiches pédagogiques.

• Comprendre qui je suis pour mieux définir ce que je veux faire

Puis les premières séances autour de l’axe « redynamisation et estime de soi » leur permettent d’effectuer une relecture de leurs expériences personnelles et professionnelles et parfois de prendre de la distance avec des moments de transitions de vie douloureux.

Petit à petit, les participantes libèrent leur parole et se libèrent elles-mêmes de situations ou de pensées limitantes. Ainsi, elles acquièrent plus de connaissance sur leur fonctionnement et sur ce qui peut les servir ou les desservir. Cela leur permettent alors de constater l’influence des choix personnels sur la vie professionnelle, de constater le contexte avec plus de recul et  les expériences qu’elles ont vécues jusqu’à maintenant.

D’autres exercices leur permettent de travailler sur la confiance en elles-mêmes et l’estime qu’elles ont d’elles-mêmes, leur marge d’autonomie passée, présente, et souhaitée pour l’avenir.

Elles réalisent un travail d’introspection et de conscientisation initié notamment à partir de situations de cas précis proposées par les participantes, travail qui  facilite la prise de conscience de leur potentiel.

Chaque situation de leur vie relative aux enfants, à leur vie de couple, aux difficultés quotidiennes est alors propice à un travail de réflexion sur soi. Elles peuvent alors apprendre à reformuler  ce qu’elles ressentent, comment  elles agissent face à ces situations, et réaliser la différence entre le ressenti et l’action.

C’est l’occasion pour elles de découvrir ou d’envisager des stratégies nouvelles grâce aux témoignages des autres femmes. Ainsi, il arrive que certaines journées de formation se déroulent de manière imprévue par rapport au programme prévu initialement. Ce travail de réflexion est alimenté par différents supports, fiches pédagogiques, jeux de cartes, lecture de textes métaphoriques, citations, exercices d’activité physique mais aussi par des outils ou exercices qu’elles peuvent proposer.

Cette première phase de retour sur soi alimente la seconde partie de la formation, plus centrée sur la réflexion sur le parcours professionnel, la place du travail, les motivations et priorités de chacune au travail, les compétences de savoir-faire et de savoir-être, leurs contraintes, les freins et les démarches à effectuer pour aller au travail sereinement. A nouveau, des fiches pédagogiques, des exercices pratiques, des mises en situation à partir d’expériences personnelles et leurs témoignages sont utilisés.

• La recherche d’un emploi dans un espace privilégié

Les femmes peuvent alors choisir consciemment un secteur d’activité qui les intéresse, et ainsi être accompagnées pour la rédaction du CV, de la lettre de motivation et la recherche d’une PMSMP.  Afin de lutter contre la fracture numérique, des ateliers sont proposés afin de gagner en autonomie dans leurs démarches personnelles et professionnelles. C’est le moment où elles confrontent concrètement le marché de l’emploi, où les peurs remontent et doivent être traversées. Le travail sur soi continue et les outils proposés en amont donnent alors aux femmes la possibilité de les expérimenter en situation réelle et avec toute la bienveillance de l’équipe des formatrices et du groupe.

• Favoriser l’autonomie et apprendre à prendre soin de soi, les clés pour une insertion professionnelle réussie

Divers ateliers, interventions et formations sont proposés tout au long de l’action « Envolée Féminine ». Des ateliers en lien avec la santé sont proposés avec l’intervention de sophrologue, l’une portant sur la gestion du stress et la seconde sur l’impact du sommeil sur la santé, une visite du planning familial et les partenaires locaux pertinents en fonction des territoires. Des formations en lien avec le développement de la citoyenneté sont proposées comme par, exemple, la formation PSC1.  L’image de soi est travaillée à travers un atelier photos qui a pour objectif d’avoir un portrait qui pourra être, selon le souhait de la participante, utilisé sur les supports professionnels. Afin de favoriser leur autonomie dans la vie quotidienne,  les bénéficiaires participent à des ateliers numériques (sur ordinateur et smartphone) qui ont pour objectif d’apprendre à aller sur les sites tels que la CPAM, CAF, le Pôle Emploi, etc. afin de pouvoir effectuer des recherches d’emploi sur Internet, des recherches d’informations sur les métiers, sur les entreprises pour la recherche de PMSMP et pour leurs démarches personnelles; de même un atelier « savoir entretenir son véhicule» est proposé à toutes les sessions pour apprendre à faire les niveaux et à  changer un pneu.

• Une action efficace et plébiscitée par les partenaires

Cette action d’accompagnement à l’emploi est reconnue par les partenaires du territoire dont, le Département de l’Isère, Grenoble Alpes Métropole, Communauté d’Agglomération des Portes de l’Isère, Pôle emploi, les SLS, les centres sociaux, les missions locales, les maisons de l’emploi, les mairies, les associations, les centres d’hébergement et de réinsertion sociale, professions médicales, CESF  etc… qui nous sollicitent et nous adressent des candidates. Ce partenariat mobilise autour de ces femmes de multiples compétences lors des comités techniques tenus tout au long de l’action (deux comités techniques et un bilan final). L’action « Envolée Féminine » présente des taux de sorties positives très satisfaisants au vu des difficultés des publics accompagnés (avec une moyenne de 70% environ sur les derniers groupes).

L’action Envolée féminine est cofinancée par le Fonds Social Européen, dans le cadre de sa politique de promotion de l’emploi, de l’inclusion sociale et de la lutte contre la pauvreté.